Le 18 juillet dernier, nous avons participé avec grand plaisir à la marche contre les violences à caractère sexuel qui a eu lieu à Trois-Rivières, avec l’honneur d’y avoir été associée par les organisatrices.
Nous avons pu prendre la parole au début et à la fin de la marche afin de soutenir les victimes et leurs proches. Nous sommes ravies d’avoir pu participer à cet événement dénonçant la culture du viol. Le Calacs Entraid’action de Shawinigan était aussi présent, ainsi qu’Emphase Mauricie et Centre-du-Québec, organisme venant en aide aux hommes victimes de violences sexuelles.
Pertinence d’une marche contre les violences sexuelles en 2020
Nous assistons, en ce moment, à une troisième vague de dénonciation au Québec concernant des violences sexuelles.
Plusieurs victimes ont décidé de dévoiler leur histoire et, encore une fois, certaines personnes semblent réticentes à les entendre. Sachez que vous avez très peu de chance de vous tromper en choisissant de la croire, le pourcentage de fausses accusations étant extrêmement faible, étant estimé à 2%.
Il y a plus de 633 000 agressions sexuelles, par année, au Canada (Statistique Canada 2014). De ce pourcentage, 5% des victimes décident de porter plainte, ce qui en laisse beaucoup dans l’ombre. Le choix de porter plainte ou non leur appartienne, le fait que seulement 5% des victimes portent plainte devrait nous forcer à réfléchir aux failles de notre système de justice plutôt que de culpabiliser les victimes de vouloir être entendues autrement.
Nous avons énormément d’éléments à changer pour que les victimes se sentent accueillies et écoutées.
Quelles attitudes pouvez-vous adopter pour faire partie de la solution?
Le plus important est de croire la personne qui choisit de dévoiler son histoire, nous n’avons pas à faire la preuve que c’est arriver ou non.
Écoutez-la, sans jugement, ne posez pas trop de questions, accueillez son histoire sans chercher à avoir plus de détails: elle a le droit de garder certaines choses pour elle, c’est son vécu, ses mots et son rythme.
Respectez-la, il y a peut-être certains aspects qu’elle n’est pas prête à raconter. Gardez son dévoilement pour vous: elle vous fait confiance à vous, pas à votre entourage. La confidentialité est importante.
Si vous avez besoin d’aide suite à un dévoilement, n’hésitez pas à nous contacter. Nous offrons un service confidentiel aux proches aussi.
Validez ses émotions: elle a le droit de pleurer, de crier, et même de rire; le contact avec ses émotions est le plus important. Déculpabilisez-là: remettez la faute sur l’agresseur; rien ne peut justifier son comportement.
Garantissez sa sécurité et aider-la à déterminer ses besoins: elle doit rester en contrôle de ses propres choix; il est possible de l’orientez vers les ressources; mais ne l’obligez pas. La clé est de respecter son rythme.
Reconnaissance pour les victimes
Depuis plus de 40 ans les survivantes, les féministes et les Calacs demandent une reconnaissance de la parole des victimes et de vraies mesures, individuelles comme collectives, pour une culture du consentement. Les femmes, les personnes LGBTQIA+ et toutes les personnes minorisées par cette société sont les premières victimes de ces violences sexuelles.
Les dénonciations des violences policières, des actes racistes aux Etats-Unis mais aussi au Canada et partout ailleurs sur terre, ainsi que les vagues de dénonciations de violences sexuelles sont une preuve que les paroles sexistes, racistes, homophobes, transphobes, et toute autre parole de haine mène à des actes de violences, notamment sexuelles, qui ne peuvent plus être ignorées. Ces violences ne peuvent plus être niées ou banalisées, de mêmes que les conséquences qu’elles encourent pour les victimes et les personnes les plus vulnérabilisées par cette société. Nous demandons un changement de culture globale, le respect de la parole des victimes et une réelle remise en question, individuelle et collective.
À toutes les personnes victimes ayant vécu de la violence sexuelle
Nous, les intervenantes du CALACS de Trois-Rivières, profitons de cette vague historique pour s’adresser à toute personne ayant vécue des violences sexuelles. Nous saluons votre courage et nous vous entendons.
Dans les CALACS, on vous croit et on lutte à vos côtés pour un monde dans lequel nous n’aurons pas besoin de porter plainte, pour faire reconnaître nos droits fondamentaux tel que le respect du non-consentement et de l’intégrité des personnes.
Nous travaillons pour que la notion de consentement soit libre et éclairée.
Nous savons que vous avez besoin d’une voie et d’une voix. Nous savons que le cheminement vers la guérison peut prendre du temps, de l’énergie et nous encourageons les personnes à demander l’aide dont elles ont besoin et à se tourner vers les ressources appropriées à leur choix.
Merci de faire avancer l’histoire vers le respect. Nous avons marché avec vous afin de revendiquer des solutions ensemble.
L’équipe du Calacs de Trois-Rivières